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M'BÉBÉ MPESSA : L'Éclat d’une Étoile Noire dans l’Âge d’Or du Cinéma Allemand




C'EST VOTRE HISTOIRE… VOUS DEVEZ LA CONNAÎTRE !


Dans les ombres du temps et les replis de l’histoire, un nom résonne avec force et résilience : Louis Brody. Acteur, musicien, militant, il fut l’un des visages les plus marquants du cinéma allemand, un pionnier aux multiples facettes, dont l’existence même témoigne d’une lutte incessante contre l’adversité.


M’bebe Mpessa à Douala, au Cameroun, le 15 février 1892, son enfance demeure un mystère, comme une fresque incomplète dont les contours se devinent à travers les bribes d’archives et les échos du passé. Formé à l’école coloniale allemande de Douala, il y apprend la langue de Goethe avant de s’embarquer pour une odyssée singulière. À une époque où le monde se redessine sous l’ombre des empires, Brody foule le sol de Berlin entre 1907 et 1914, sans que l’on sache précisément ce qui le pousse à quitter sa terre natale.



L’ascension d’un artiste

Grand, charismatique, son allure imposante lui ouvre les portes d’un univers en pleine effervescence : le cinéma muet. À peine arrivé, il enchaîne les petits boulots, avant de décrocher son premier rôle en 1915 dans Das Gesetz der Mine (La Règle de la mine), incarnant un homme africain en quête de vengeance. Le septième art allemand, alors en pleine mutation, lui tend les bras. En 1921, il apparaît dans l’œuvre majeure de Fritz Lang, Der müde Tod (La Mort fatiguée), puis enchaîne avec Konrad Wiene dans Ich hatt’ einen Kameraden (J’avais un camarade, 1926). Son talent lui permet de s’imposer comme l’acteur noir le plus visible et le mieux payé d’Allemagne, accumulant plus de trente-deux apparitions à l’écran à l’aube des années 1930.

Mais l’histoire n’est jamais linéaire, et les vents de l’époque s’apprêtent à souffler une tempête destructrice.


Le poids du régime nazi

L’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler et l’idéologie raciste du Troisième Reich mettent un coup d’arrêt brutal à sa carrière. Relégué aux marges d’une industrie gangrenée par la propagande, il ne joue plus que dans vingt films. Il survit pourtant là où tant d’autres disparaissent. Il échappe à la déportation, à la stérilisation forcée, aux lynchages populaires, et aux camps de concentration. Une prouesse, un miracle, une lutte silencieuse contre un destin que l’histoire semblait vouloir lui imposer.

Dans une ironie tragique, l’Allemagne nazie le dénationalise en 1935, à travers les lois de Reichsbürgergesetz, qui privent de citoyenneté non seulement les Juifs, mais aussi les Roms et les Noirs. Brody esquive la persécution en obtenant la nationalité française.

Mais à quel prix ? Un homme sans patrie, une étoile en exil, brisée mais toujours scintillante.



Un combat au-delà des écrans

Au-delà de ses rôles souvent stéréotypés – serviteur, marin, barman, cuisinier ou porteur – Brody refuse d’être un simple pantin de l’histoire. Dès 1918, il cofonde à Hambourg l’Afrikanischer Hilfsverein (Organisation de secours africaine), dénonçant les violences raciales et militant pour les droits des personnes d’ascendance africaine. Une voix qui porte, un combat qui marque.

L’homme était aussi un père, un mari. En 1938, il épouse Erika Diek, une Camerounaise. Leur union ne survivra pas aux tumultes du temps, mais de leur histoire naît une fille, témoin de cet héritage éclatant.

À la fin de la guerre, Brody tente de rallumer la flamme du spectacle. Entre 1946 et 1951, il réapparaît dans cinq films et organise une revue d’artistes noirs en Allemagne. Chanteur, batteur de jazz, homme de scène jusqu’au bout, il continue d’éblouir.






Le dernier acte

Le 11 février 1952, à Berlin, Louis Brody s’éteint, emportant avec lui un pan de l’histoire encore méconnu. Son corps repose désormais au cimetière de Berlin-Hohenschönhausen, mais son histoire, elle, ne doit jamais sombrer dans l’oubli.

Parce qu’elle est vôtre, parce qu’elle est notre, parce qu’elle est celle d’un homme qui, contre vents et marées, a existé, a résisté, a marqué son époque.







Association Sawa Community ( As Sa Co )

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